Je souhaite vous partager une mission de régulation d’équipe que j’ai accompagnée en tant qu’Intervenante en Thérapie sociale, il y a quelques mois.
La Thérapie Sociale a été inventée par Charles Rojzman, une approche pour mieux coopérer et faire société en développant le dialogue et la confrontation des points de vue, ceci grâce au conflit considéré comme un outil de transformation de la violence.
Pour rappel, l’ouvrage de référence de Charles Rojzman « Sortir de la violence par le conflit ».
Certifiée depuis plus d’un an, je propose des Interventions en Thérapie Sociale dans mes accompagnements d’équipe :
- au-delà de mon expérience de médiatrice auprès de collectifs en difficultés, j’apprécie la valeur ajoutée qu’apporte l’Intervention en Thérapie Sociale pour restaurer les liens et rétablir durablement coopération et engagement au sein de collectifs en tensions relationnelles.
Au travers de cet exemple, c’est l’occasion pour moi de partager 2 clés de réussite spécifiques qui m’ont permis de faire la différence
Le contexte
Je suis sollicitée pour intervenir auprès d’un collectif en souffrance dans le secteur immobilier ; il y a plus d’un an, l’équipe de direction a la responsabilité de restructurer l’organisation opérationnelle de son activité suite à un changement de stratégie, ceci passant par une diminution de postes sur un site.
Cette réorganisation dans un contexte d’incertitude et d’urgence s’est mal passée tant pour les collaborateurs que l’équipe de direction et reste comme un traumatisme qui maintient ce collectif dans une forme d’immobilisme.
Depuis cette réorganisation, on observe également un clivage et une absence de confiance entre l’équipe et sa direction :
-accumulation d’incompréhensions mutuelles, perte de sens et ressenti de souffrance pour chacun,
-ambiance délétère : clans, non-dits et dénigrements entre les personnes, divisions au sein du collectif de direction et des collaborateurs.
La demande et l’enjeu
L’objectif est de restaurer de la coopération et du dialogue dans un climat relationnel apaisé au sein de ce collectif. La finalité est de pouvoir se remettre en dynamique et réorganiser un cadre de travail adapté à l’évolution du contexte.
La proposition
Nous avons proposé un dispositif en 2 étapes :
Une première étape dédiée à accompagner l’équipe de direction :
restaurer du dialogue et de la confiance au sein de l’équipe de Direction
développer un sentiment d’appartenance à une communauté managériale.
La finalité est de renforcer son impact pour communiquer avec plus de clarté auprès des équipes et également d’apporter plus de sécurité et mieux fédérer les collaborateurs sur le terrain.
Effectivement, les divisions au sein de l’équipe encadrante alimentent un climat anxiogène auprès des collaborateurs sur le terrain et freine la remise en dynamique du collectif pour se remobiliser et s’organiser dans un nouveau contexte.
Une seconde étape dédiée à accompagner l’équipe opérationnelle :
Restaurer des conditions de coopération et un cadre de sécurité au sein de l’équipe opérationnelle sur le site.
Il s’agit également de lever leurs craintes, préjugés et blocages qui génèrent de la souffrance et empêchent la restauration de la coopération.
Le travail proposé permettra de restaurer de la confiance et du dialogue entre les membres de l’équipe et une remise en mouvement vers l’avenir.
-2 clés qui ont fait la différence
-Creuser le négatif sans l’éviter
En Thérapie Sociale, on considère l’expression du négatif comme la matière brute du travail. C’est important dans un groupe de favoriser l’expression des craintes, méfiances, réticences car quand la confiance s’est délitée, chacun, pour se protéger, porte un masque qui cache ainsi sa vulnérabilité et son authenticité.
Cela active et entretient des craintes mutuelles dans le collectif et cela empêche suffisamment de confiance pour l’expression d’une parole authentique.
Il s’ensuit une atmosphère de non-dits, préjugés, divisions et autres mécanismes toxiques pour la confiance, l’engagement et la créativité d’un collectif.
L’intervenant en suscitant l’expression du négatif par un travail d’écoute et de questionnement du négatif permet progressivement que chacun se sente reconnu légitime dans ses craintes.
Souvent l’expression du négatif peut jaillir de façon brutale voire violente ; l’intervenant doit alors être en capacité de contenir cette violence sans chercher à l’éliminer, savoir décoder cette matière brute qui s’exprime avec maladresse en besoins non satisfaits ou non pris en compte. Cela permet ainsi de désamorcer d’éventuelles violences et que les personnes puissent se sentir entendues dans leur plainte : une transformation du collectif devient possible et cela facilite une construction progressive de confiance, motivation et engagement dans le collectif.
Une posture solide et sécurisante de l’intervenant
L’intervenant a un rôle de facilitateur, « tiers extérieur » indépendant et au service du système. Il intervient en utilisant des techniques d'aide à la réflexion et à l'expression.
Accueillir les réticences du groupe, savoir décrypter les besoins insatisfaits qui peuvent parfois s’exprimer sur un mode violent, et ceci, tout en restant solide et en lien avec chacun, cela ne s’improvise pas !
Sa posture est solide, ferme et empathique face à l’éventuelle violence, ce qui permet de la contenir et de tenir compte des réalités et des besoins qu’elle exprime : le cadre de sécurité que cela procure au groupe facilite la transformation des tensions en conflits constructifs qui construisent du sens et du lien.
Dès le début du processus, l’intervenant de par sa posture, doit installer un climat sécurisant et inspirer confiance aux participants, afin que chacun puisse se sentir en sécurité, considéré et intégré.
Cette posture s’acquiert par un travail approfondi sur ses propres vulnérabilités et stratégies relationnelles.
Il accompagne ainsi les échanges dans de nouvelles conditions relationnelles et cela permet d’aboutir à un véritable travail de transformation collective avec des propositions de changements concrets et innovants.
-Résultat : des relations assainies, un collectif remobilisé, et des actions concrètes coconstruites pour un nouveau cadre de travail.
Cette mission m’a encore confirmé combien l’approche de la Thérapie Sociale, en permettant d’accueillir le conflit et d’en faire une matière de transformation, peut être un levier puissant pour restaurer les dynamiques collectives abîmées.
-Envie d’échanger ?
Si vous accompagnez un collectif en tension ou traversez une période sensible dans votre organisation, je vous invite à me contacter.
La Thérapie Sociale peut être un levier puissant pour restaurer la confiance et réengager les équipes dans un projet commun.
Vous avez vécu des situations similaires ? Vous avez des questions ? Partagez-les en commentaire, je serai ravie d’échanger avec vous !